72 heures de turbulences au sein du Pastef : Comment Ousmane Sonko a tapé du poing sur la table

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Le Pastef vient de traverser trois jours particulièrement mouvementés, marqués par des controverses internes, des polémiques sur les réseaux sociaux, et des appels au calme lancés par son leader, Ousmane Sonko. Cet épisode, déclenché par des nominations controversées, illustre les défis auxquels le parti est confronté dans l’exercice de ses responsabilités.

Les éléments déclencheurs

Tout a commencé avec la publication d’un décret annonçant la nomination de huit nouveaux membres au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA). Parmi eux, Aoua Bocar Ly-Tall, sociologue et militante féministe, a suscité une vive polémique. Ses déclarations passées, perçues comme hostiles au Pastef et à Ousmane Sonko, ont réveillé la colère des militants.

Un post Facebook datant du 8 octobre, dans lequel elle affirmait que l’ethnie peule surpassait toutes les autres au Sénégal, a particulièrement choqué : « Toutes les Personnes Valeureuses de la Société Sénégalaise viennent du Fouta Tooro […] Vive le Pulaagu ! » Ces propos, jugés ethnicistes, ont alimenté une indignation générale au sein du parti.

Une autre nomination controversée, celle de Raki Kane comme secrétaire exécutive de la Commission d’évaluation, d’appui et de coordination (CEAC), a également suscité des critiques. Certains militants y voient une trahison des idéaux de rupture promis par le Pastef.

Réactions des cadres et personnalités publiques

Face à la tempête, plusieurs figures influentes ont tenté de calmer les esprits.

  • Fadilou Keita, ancien directeur de campagne, a cherché à défendre les choix sur des plateformes comme Facebook et TikTok. Toutefois, ses explications n’ont pas convaincu.
  • Guy Marius Sagna, activiste extérieur au parti, a dénoncé vigoureusement la nomination d’Aoua Ly-Tall. Il a qualifié ses propos d’ethnicistes et a appelé à une rectification immédiate.
  • Le président de l’Assemblée nationale, de son côté, a adopté une approche apaisante en saluant la vigilance des militants tout en insistant sur la nécessité d’unité et de patience.

L’intervention décisive de Ousmane Sonko

Dimanche soir, Ousmane Sonko est intervenu pour apaiser les tensions. Lors d’une allocution, il a assumé sa part de responsabilité dans les nominations, y compris celle d’Aoua Ly-Tall, tout en soutenant le Président de la République et le Premier ministre Bassirou Diomaye Faye.

Il a également critiqué l’attitude de certains militants, accusés de compromettre l’unité du parti : « Parfois, Pastef est le problème de Pastef. » Appelant à la discipline interne, il a exhorté les militants à se concentrer sur les priorités du parti, comme la construction du siège, et à abandonner toute velléité de menaces ou de chantage.

Une controverse légale ?

Cette crise a également soulevé des questions juridiques. Selon le juriste Ngouda Sall, les nominations au CNRA n’auraient pas respecté les dispositions légales. L’article 3 de la loi n°2006-04 du 4 janvier 2006 exige une consultation des associations professionnelles avant toute désignation. Ce manquement pose un problème de légitimité et remet en question l’indépendance de l’institution.

Un défi pour le Pastef

Cet épisode met en lumière les tensions croissantes au sein du Pastef, partagé entre la volonté de rupture et les contraintes liées à l’exercice du pouvoir. Le parti devra redoubler d’efforts pour maintenir sa cohésion et répondre aux attentes de ses militants tout en restant fidèle à ses idéaux.

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