La réclusion à perpétuité, c’est la sentence qu’encourent les accusés Erhil Adébé, Moustapha El Béchir et El Atigh Ahmed Mahmoud. Ces derniers arrêtés après les attentats de Grand Bassam et Ouagadougou qui avaient plusieurs morts ont fait face au juge de la chambre criminelle spéciale de Dakar.
La Chambre criminelle spéciale de Dakar a jugé, hier, les accusés Erhil Adébé, Moustapha El Béchir et El Atigh Ahmed Mahmoud. Ces derniers suspectés d’avoir été en contact avec les organisateurs des attentats à Ouagadougou et Grand Bassam ont été arrêtés au Sénégal. Ils ont comparu à la barre de cette juridiction pour répondre des délits de complicité d’actes terroristes, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et financement du terrorisme en bande organisée. Les procès-verbaux d’enquête renseignent que courant mai 2016, les autorités maliennes ont interpellé Ibrahim Ould Mohamed qui, avait reconnu son implication dans les attaques qui ont visé Ouagadougou (janvier 2016, Burkina Faso) et Grand Bassam (mars 2016, en Côte d’Ivoire). Soumis au feu roulant des questions, il a désigné Mimi Ould Baba, Hamza ben Mohamed et Ahmed Lemdecem comme étant les principaux cerveaux de ces attentats qui, on le rappelle, avaient fait 30 morts pour celui de Ouagadougou et 22 morts dont 16 civils, 3 militaires et 3 terroristes à Grand Bassam. Face aux éléments enquêteurs, il a donné même des détails sur le véhicule qui a été utilisé pour dissimuler les armes afin de les transporter à Abidjan. A l’en croire, ces armes ont été mises à la disposition de leur commando par Hamza ben Mouhamed. Il faut dire que les services de renseignement technique du Sénégal ont mené une enquête profonde avant d’établir des liens entre le numéro de téléphone qu’utilisait Moustapha El Béchir et le numéro malien enregistré au nom de Hamza ben Mohamed. Ils ont découvert par la même occasion qu’El Bachir communiquait régulièrement avec Ibrahim Ould Mohamed et Ahmed Lemdecem qui étaient en relation directe avec Mini Ould Baba, coordonnateur des attaques d’Ouagadougou et du Grand Bassam.
Les accusés avaient séjourné à « Ndiambour »
C’est dans ces circonstances que le 18 septembre 2016, la Section de recherches de Colobane a été informée de la présence, à Diamniadio, d’une personne porteuse du fameux numéro. Sans perdre de temps, les pandores se sont transportés sur les lieux. Où étant, ils ont mis la main sur El Atigh Ahmed Mahmoud. Interrogé, il dit être en possession de la puce depuis le samedi 17 septembre 2016. Et que cette puce lui aurait été offerte par un inconnu de nationalité mauritanienne qui se rendait à Nouakchott. L’exploitation du téléphone d’el Atigh permettait d’établir plusieurs communications entre lui et ce dernier. El Atigh était écroué à Saint-Louis pour association de malfaiteurs, complicité de vol en réunion commis la nuit avec violence et usage d’armes lors de l’attaque du Grand Bassam. Entendu sur sa relation avec Bachir et Mini Ould baba, il soutenait qu’il ne les connaissait pas. Continuant leur enquête, les gendarmes ont localisé, le 10 octobre 2016, le numéro de Béchir et celui appartenant à Erhil Adébé dit Mohamed Lemdessene aux résidences Ndiambour, plus précisément au deuxième étage. Mais, ils ont réussi à s’échapper. Ce n’est que le 27 octobre 2016 que les deux cibles ont été localisées sur l’itinéraire Kaolack-Diourbel-Louga et le dispositif mis en place permettait leur arrestation, le même jour, à 15 heures. Ils seront interceptés à l’entrée de Louga à bord d’un véhicule de transport en commun.
Les mis en cause nient les faits et s’expliquent
Face aux juges de la chambre criminelle spécial de Dakar, hier, les mis en cause ont tous niés les faits pour lesquels ils sont poursuivis. El Atigh Ahmed Mahmoud, cambiste de profession, a dit n’avoir jamais été en contact avec ceux qui ont commis les attaques au Grand Bassam. « J’ai été étonné quand on m’a notifié que j’étais en liaison avec des groupes terroristes. Je n’imaginais pas qu’une telle accusation pourrait être portée contre la personne », a déclaré l’accusé. Il a également confié au juge qu’il ne connaît pas l’hôtel Ndiambour et n’y a jamais séjourné. De son côté pour justifier ses nombreux appels avec les individus suspects qui se trouvent au Mali, Moustapha El Béchir a expliqué qu’il est propriétaire d’une société immobilière et il a des clients un peu partout dans la sous-région. Il dit communiquer avec ces derniers qu’ils vendent des terrains et des maisons. « Je ne suis pas un malfaiteur et je n’ai participé à aucune organisation terroriste », narre-t-il. Avant d’enchaîner qu’il ne connait pas le terrorisme. La preuve, précise-t-il, c’est après qu’il a fait des recherches pour en avoir des connaissances. Erhil Adébé, pour sa part, a soutenu qu’il est un homme d’affaires qui s’active dans l’importation des batteries de véhicule. Et donc, il ne connait pas le terrorisme. A la question du procureur de savoir s’il connait le djihâd, il répond par la négative. « Je suis un musulman pratiquant mais, je n’ai pas appris l’histoire de l’Islam », dit-il.
Procureur : « les faits ne souffrent d’aucune contestation »
Invité à faire ses réquisitions dans cette affaire, le maître des poursuites a d’abord rappelé qu’il est apparu dans l’enquête que les trois accusés avaient établi un lien avec Mini Ould Baba, coordonnateur des attaques de Ouagadougou et du Grand Bassam. Ce dernier, dit-il, est le fils de Baba Ould Cheikh, connu comme étant un négociateur entre les autorités maliennes et les terroristes. C’est lui, rappelle toujours le parquet, qui avait, à bord d’un avion, atterri dans le désert du Mali avec 9 tonnes de cocaïne. « Mini Ould Baba est une personne qui facilite les attentats. En plus, il est dans le trafic de drogue. Il est dit qu’il a gagné 11 millions de francs CFA après les attentats du Grand Bassam pour avoir facilité les terroristes à se déplacer sur les lieux », a indiqué le parquetier. Suffisant donc pour lui de dire que les faits d’acte de terrorisme et de financements de terrorisme retenus contre les accusés ne souffrent d’aucune contestation. Sur ce, il a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre les accusés. Pour finir, la parole est revenue à la défense qui a plaidé pour une application bienveillante de la loi. L’affaire a été donc mise en délibéré pour jugement devant être rendu le 29 avril prochain.
Source : Rewmi Quotidien
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