Deux photos postées le 2 juin sur Twitter par Labaly Touré, un professeur d’une université à Kaolack au Sénégal, le montrent en train de porter le bébé d’une de ses élèves et ont rencontré un grand succès. L’universitaire se dit surpris de l’engouement suscité par sa publication, mais s’en félicite, espérant ainsi sensibiliser aux difficiles conditions de vie des étudiantes mères.
Le 2 juin dans l’après-midi, Labaly Touré, docteur en géomatique qui enseigne à l’Université du Sine Saloum Elhadj Ibrahima Niass de Kaolack, au sud-est de Dakar, publie deux photos avec cette légende : « J’ai eu, ce matin, le plaisir lors mon cours à l’Université, de porter le bébé d’une de mes étudiantes ».
J’ai eu, ce matin , le plaisir lors mon cours à l’Universitè, de porter le bébé d’une de mes étudiantes.
Je rends hommage et salue le courage de toutes les étudiantes mamans. pic.twitter.com/gKgjVs3IYa— Labalytoure (@ToureLabaly) June 2, 2021
La publication de l’enseignant devient rapidement virale : quarante-huit heures après, elle comptait près de 14 000 retweets et plus de 100 000 mentions « j’aime ».
« La maternité ne doit pas être un facteur d’abandon des études »
Contacté, Labaly Touré raconte :
« Cette étudiante est venue avec sur le dos son bébé qui a moins d’un an. Elle ne pouvait pas suivre le cours comme ça. Elle l’a pris sur ses genoux, mais voyant cela, je lui ai proposé de le prendre moi-même pour qu’elle puisse suivre le cours tranquillement. J’ai gardé ce bébé tout le cours avec moi, il est resté très calme ! C’était pour moi un geste pour l’aider mais aussi un clin d’œil à toutes les étudiantes maman qui allient difficilement maternité et études supérieures. Je voulais leur dire que ce n’est pas incompatible aujourd’hui. Étant moi-même père, je suis sensible à ces questions. Et nous, enseignants, avons un rôle à jouer pour aider ces mères. Je ne connais pas beaucoup de cas similaires dans mon université ou ailleurs, mais quand ça arrive je fais tout ce que je peux pour épauler les étudiantes afin qu’elles n’abandonnent pas. J’en parle aussi à mes collègues : la maternité ne doit pas être un facteur d’abandon. »
« Quelles solutions pouvons-nous proposer aux jeunes filles qui viennent à l’université avec leur bébé ? »
« Je ne m’attendais pas à un tel succès de mes photos sur Twitter ! Je ne pensais pas que la question était aussi sensible et préoccupait les gens. Pour moi, ces photos ont un impact et posent une question : quelles solutions pouvons-nous proposer aux jeunes filles qui viennent à l’université avec leur bébé ?
La situation des ces jeunes femmes démontre bien un problème au Sénégal : les crèches et les nounous coûtent cher, ces solutions de garde ne sont pas à la portée de tous, surtout quand on connaît les conditions de vie des étudiantes qui, bien souvent, n’ont que peu de moyens. Il est évident que si mon étudiante pouvait se payer une garde, elle le ferait. Elle n’avait pas le choix, je n’allais tout de même pas la renvoyer parce qu’elle est venue avec son bébé en cours ! »
En 2020, le taux de natalité au Sénégal était de 36,1 %, parmi les plus élevés du monde, de même que l’indice de fécondité, à un peu moins de cinq enfants par femme.
FRANCE24
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