En 2014, après une première tentative avortée trois ans plus tôt, le Qatar décroche l’organisation des championnats du monde d’athlétisme (tenus sur son sol en 2019). Il y a mis le prix. Les révélations de blast.
Pour décrocher le gros lot, la monarchie du Golfe a dû payer des pots de vin dans les hautes sphères de l’athlétisme mondial dès 2011. Le bénéficiaire de ces commissions occultes n’est autre que l’ancien président de la fédération internationale d’athlétisme (International association of athletics federation, rebaptisée World athletics et désormais présidée par le britannique Sebastian Coe), le Sénégalais Lamine Diack.
Le premier document, en date du 5 octobre 2011, émane du ministre de l’Economie et des Finances qatari, Youssef Hussein Kamal. Il est adressé au directeur du cabinet du prince héritier. Son contenu ne laisse aucun doute sur la raison des fonds versés au patron de l’athlétisme mondial.
« Conformément aux nobles instructions de son Excellence le Sheikh Tamim Bin Hamad Al Thani, Prince héritier vénéré, un montant de 4,500,000 dollars américains (soit 2,535,750,000 de FCFA) a été versé à Monsieur Lamine Diack, Président de la Fédération internationale d’Athlétisme, en récompense au soutien qu’il va apporter à l’Etat du Qatar pour l’organisation du Mondial 2017 (1) d’Athlétisme », explique le ministre. Le courrier indique également que la commission « a été transférée sur le compte en dollars de la société Oryx QSI numéro 100224834, domicilié à la Qatar National Bank. »
Nasser Al-Khelaifi fait le job
Le second document porte le cachet de la société Oryx QSI. Daté du 14 octobre 2011, il est paraphé par Nasser Ghanim Al-khelaifi, le président de QSI (ainsi que de la chaîne Bein Sports et du PSG) … L’homme qui fait aujourd’hui la pluie et le beau temps dans le football européen indique au directeur de cabinet du prince héritier qu’« une première partie de cette commission de Mr Liamine Diack, d’un montant de trois millions (3,000,000) de dollars américains (soit 1,690,500,000 de FCFA), a été transférée sur le compte de la société PAMODZI SPORTS CONSULTING basé à Dakar – Sénégal ». Bénéficiaire ? La réponse est à la suite : « Monsieur Papa Massata Diack, adjoint et fils de Mr Liamine Diack. » Nasser Al-Khelaifi précise par ailleurs que la seconde partie de la commission sera versée dès qu’il aura reçu les instructions pour le faire.
Ces deux documents confirment de façon retentissante les soupçons de la justice française. En mai 2019, Le Parisien révélait que Nasser Al-Khelaifi avait été mis en examen pour « corruption active ». « Le dossier ne repose sur rien », avait alors réagi son avocat, maître Francis Szpiner. L’avocat assurait que le nom de son client « n’apparai(ssai)t sur aucun document » et que « ces incriminations ne reposent sur aucun élément de preuve tangible ».
Une autre affaire de corruption concernant Lamine Diack
Au cours de son long mandat à la tête de la fédération internationale d’athlétisme (de 1999 à 2015), Lamine Diack a accumulé les affaires. En novembre 2015, la justice française l’avait épinglé et mis en examen pour corruption aggravée dans celle du dopage généralisé des athlètes russes. La procédure a débouché sur un procès, en juin 2020. Le jugement, rendu en septembre de la même année, l’a condamné à quatre ans de prison (dont 2 avec sursis). Depuis, Lamine Diack s’est pourvu en appel.
En mars 2019, le Sénégalais a à nouveau été mis en examen pour corruption par la justice française, dans une autre histoire, dans le dossier de l’attribution des Jeux Olympiques de 2016 (organisés à Rio) et de 2020 (de Tokyo, reportés à 2021 pour cause de covid). Ayant payé une caution de 500 000 euros, le dirigeant mis en cause a été autorisé, en mai 2021, à quitter la France et à rentrer au Sénégal.
Contacté via son bureau parisien de Bein Sports et son avocat, Nasser Al-Khelaïfi n’a pas répondu à Blast. Pas plus que Lamine Diack, que nous avons sollicité en contactant son conseil à Paris. Enfin, l’ambassade du Qatar n’a pas donné suite à nos questions, transmises par mail. Comme à son habitude.
(1) La date de la rédaction et de la signature de ce courrier et celle de l’objectif expressément désigné (les Mondiaux de 2017) laissent apparaitre que le dispositif mis en place au soutien de la candidature qatarie a donc échoué dans un premier temps, pour l’obtention de l’édition de 2017. Avant de porter ses fruits, pour celle de 2019.
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