Depuis 1960, le Sénégal a eu son indépendance, je veux dire un Président de la République, chef suprême des armées, gardien de la constitution, libéré des pesanteurs coloniaux et chargé d’une mission noble de casser la corde autour du cou des masses populaires enchaînées depuis des siècles par l’esclavage et la colonisation.
Senghor a eu des démêlés avec l’honorable Mamadou Dia qui avait très vite compris la grandeur du défi à relever et la menace d’une école implantée par un colonisateur soucieux de prolonger sa domination par des méthodes déguisées en médecins sauveteurs. Le peuple encore immature donnait sa confiance au premier qui, malgré son appartenance à une religion minoritaire au Sénégal, est parvenu par des stratagèmes à amadouer les chefs religieux au point d’obtenir leur soutien indéfectible.
Il a joué pour un néo-colonialisme ayant atteint ses limites en 1980. La détérioration des termes de échange ne lui permettait plus de mener le pays vers des lendemains meilleurs. Son successeur, Abdou Diouf promet de redresser la barre en créant un organe judiciaire ayant pour mission de contrôler les fortunes injustifiées pour limiter les dégâts et se mettre au travail. Les facilités créées par son prédécesseurs ouvraient la porte aux détournements. Mais, confronté aux pesanteurs socio-culturels, il finit par abdiquer et suivre le modèle sociale basé sur des principes nocifs au développement.
Abdoulaye Wade se positionne en bénéficiant de tous les atouts pouvant approfondir la démocratie et amorcer la croissance. Mais il finit, lui aussi par suivre le modèle social en créant des milliardaires avec les moyens du contribuable agonisant. Macky Sall, élu pour laver et sauver l’honneur attaque un maillon sensible du développement en commanditant un recensement général des entreprises pour quatre milliards de nos francs. C’était le début de l’espoir car, les résultats montrèrent clairement la faible productivité du secteur informel qui, redressé et corrigé devait constituer le talon d’archile du développement (97% des unités économiques recensées vivaient dans l’informel et ne contribuaient que pour 16, 3% du chiffre d’affaire global). Un redressement efficace générerait des millions d’emplois.
Certes, c’est difficile mais pas impossible. Malheureusement ce rapport est rangé dans les tiroirs pour je ne sais quel motif? Ah, la marche des affaires nébuleuses, les détournements, les magouilles, les compromissions néfastes se font autour de l’informel. Les pertes inacceptables de l’entreprise, les angoisses du dirigeant enchaîné, les marchés sur facturées trouvent leur refuge dans l’entreprise. On refuse systématiquement la clarté dans la gestion des organisations. Et cela influe directement sur le développement. Les milliards injectés dans les grands projets sont digérés dans les organisations qui refusent la transparence. Des entreprises fictives sont créées pour capter des marchés, puis travailler en sous-traitance avec d’autres firmes; ce qui fragilisent les projets de construction au point de produire des résultats aux antipodes des attentes.
Ce système de gouvernance qui plombe le développement est alors décrié par tous les citoyens imbus des valeurs de justice et d’équité socles de toute croissance économique. Le système s’est confortablement adossé sur le modèle social tel que défini par Moussa Konatè dans son ouvrage ” l’Afrique noire est-elle maudite”. Dès lors des voix se sont élevées contre ce mode de gouvernance: de Mamadou Dia à Ousmane Sonko en passant par Cheikh Anta Diop et Thomas Sankara, tous se sont ligués contre ses pratiques malsaines. l’antisystème trouve ses fondements dans la TTRIC( transparence, transversalité, rapidité, instantanément, collaboration) qui constituent les cinq clefs du changement. Elles ouvrent la porte de l’agilité, de l’ adaptabilité, de la réactivité efficace qui permettent de se mouvoir convenablement dans un monde VICA( volatile, incertain, complexe et ambigu).
Toute personne, tout leader qui optent pour ses cinq clefs trouvera sur son chemin les détracteurs qui refusent systématiquement de quitter le confort de leur habitacle. Or il est indispensable de désapprendre, d’accepter l’inconfort, de quitter les vieilles pratiques dépassées et réactionnaires pour pouvoir intégrer le nouveau monde, un monde d’opportunités numériques qui ouvrent le champs à des applications capables de verrouiller ces portes qui, jusque-là, permettaient aux fossoyeurs de l’entreprise, a certaines organisations, aux gouvernants et aux délinquants de toute sorte , de détourner, de voler, de magouiller pour bénéficier de privilèges et de prébendes mal acquis. L’antisystème se positionne ainsi comme le soldat protecteur ayant pour mission de verrouiller les portes ouvertes aux fossoyeurs du progrès. Sonko et ses partisans, adeptes du changement qualitatif, précurseur des idées innovantes, instigateurs des libertés et droits des masses, garant des principes et valeurs cardinales, adeptes de l’imaginatif et du renouveau, dérangent les tenants du système au point de susciter des attitudes de bas étage. Le foyer incandescent du progrès et de la performance se trouve dans ces valeurs précitées prônées par une nouvelle génération de politiques soucieux de libérer l’Afrique des souffrances banalisées par certains de ses fils.
Birame Khoudia Lo (Président APE/Deggù)
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