Homicide involontaire à Ouakam: le médecin provoque la mort du pharmacien avec de la vitamine C

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Le Camerounais Emmanuel Boniface Dzou se réclame médecin. Il tenait une clinique à Ouakam après avoir exercé à l’Hôpital Principal de Dakar et à Philippe Maguilène Senghor de Yoff.

Il avait assuré pouvoir soigner Dr Momar Diop, pharmacien de son état, atteint du cancer du colon. Pour ce faire, il réclame 3 millions de francs CFA à la famille du patient, qui accepte de payer. Mais après avoir donné  au malade une forte dose de vitamine C, celui-ci voit sa santé décliner davantage avant de décéder.

«Dès qu’il lui a administré le traitement, son état s’est empiré, son pied s’est enflé. Il avait des infections cutanées sur tout le corps», a pointé Aby Diop, sœur de la victime, hier, jeudi 24 mars, à la barre des flagrants délits de la deuxième chambre correctionnelle du tribunal de Dakar.

La famille de Momar Diop est persuadée qu’Emmanuel Boniface Dzou est responsable de la mort de leur parent. Arrêté le 22 février dernier, le Camerounais est poursuivi pour exercice illégal de la médecine, mise en danger de la vie d’autrui, homicide involontaire et faux et usage de faux dans un document administratif.

Études en Ukraine, attestations via Whatsapp

À la barre, Emmanuel Boniface Dzou a plaidé la bonne foi : «Docteur Momar Diop était malade depuis longtemps. Je lui ai fait une perfusion qui n’est pas passée car ses veines étaient roses. Sa sœur n’a jamais assisté au traitement. J’ai mis de la vitamine C. Quand son état s’est empiré, c’est moi qui ai appelé l’ambulance.»

À propos du chef d’exercice illégal de la médecine, le Camerounais reconnaît sa non-inscription à l’ordre des médecins du Sénégal, mais se justifie par sa méconnaissance de la législation sénégalaise en la matière.

Emmanuel Boniface Dzou se considère donc comme médecin généraliste. Au tribunal il a affirmé avoir étudié la médecine en Ukraine où il a obtenu un diplôme d’État. «J’ai également fait une spécialisation en maladie dégénérative au Canada, mais je n’ai que des attestations. Quand je suis venu au Sénégal, j’ai commencé à travailler à l’Hôpital Principal», a-t-il ajouté.

Quelques doutes subsistent dans la tête du juge à propos des qualifications brandies par l’accusé. «Selon les recherches, signale le magistrat, vous n’êtes pas connu en Ukraine et vous n’avez pas soutenu. Vous avez plutôt obtenu vos attestations via Whatsapp car le recteur est votre ami.»

Réplique de l’accusé : «C’est parce que le Cameroun n’a pas payé pour que j’obtienne le diplôme.»

Verdict le 14 avril prochain

Le juge revient à la charge et lui rappelle qu’il n’a pas laissé de bons souvenirs à son maître de stage lors de son passage à l’Hôpital Principal. Ce dernier, révèle le magistrat, lui a demandé d’arrêter son stage parce qu’il pratiquait mal son métier.

Considérant tous ces éléments, le parquet a requis cinq ans ferme contre Emmanuel Boniface Dzou. «Nous avons des éléments qui nous prouvent qu’il se comportait comme un médecin. Il vendait des médicaments et avait des factures et des bulletins d’analyse», charge le substitut du procureur. Ce dernier assure qu’il y a un lien direct entre son intervention et la mort de Momar Diop.

Les avocats de la défense admettent deux griefs : la négligence professionnelle et l’exercice illégal de la médecine. Par contre, estiment-ils, on ne peut pas accuser leur client d’avoir causé la mort de la victime. Seule une autopsie pouvait l’attester, ont-ils fait remarquer.

Le juge rendra sa décision le 14 avril prochain, selon les journaux qui ont fait ce vendredi le compte-rendu de l’audience.

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