Le contenu édifiant des documents du Mfdc saisis par l’Armée

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​Dans notre édition d’hier, nous révélions en exclusivité le contenu de documents confidentiels abandonnés par les rebelles du Mfdc (Mouvement des forces démocratiques de Casamance) lors de leur fuite éperdue suite au pilonnage de leurs bases par l’Armée nationale. Les deux documents dont nous avons fait état ont un contenu fort instructif.

 

nominations des nouveaux membres de l’état-major du Mdfc. Rappelons son contenu. « Après la rencontre entre l’Etat-major du Maquis et le commandement des chefs de bases, il a été décidé d’une formation d’un commandement organisationnel des chefs de bases pour la relance des activités » lit-on dans le document abandonné par les rebelles.

Ce drôle de commandement restreint des bases rebelles est ainsi composé : « Président des officiers : Omar Kacobo Diedhiou ; Président des officiers-adjoints : Amédé Diedhiou ; Secrétaire : Pierre Sinoré Diatta ; Secrétaire adjoint : Henri Kamankagne Diedhiou ; Trésorier : Tapha Sambou ; Trésorier adjoint : Sadibou Goudiaby ; Commissaire aux comptes : Marcelin Himbane ; Commissaire aux comptes adjoint : Abdoulaye Aml Diedhiou ».

Le principal enseignement qu’il faut tirer de ce premier document est qu’il confirme ce que les observateurs savaient déjà que le Mfdc est surtout l’affaire d’une ethnie, les Diolas en l’occurrence. En effet, alors que la Casamance — surtout la partie dite Basse — est multiethnique en ce sens qu’on y trouve aussi bien des Peulhs, des Ouolofs, des Mankagnes, des Baïnouks que des Pépels, on remarquera que l’état-major du Mfdc est composé à 100 % d’ « officiers » diolas comme le fait apparaître le document que le journal a publié en exclusivité ! On imagine d’ici ce que serait une Casamance « indépendante » et quel serait le sort des citoyens des autres ethnies qui y vivraient.

Le second enseignement, par contre, tord le cou à une idée reçue et qui a largement prospéré à savoir que ce mouvement était l’affaire des Catholiques Diolas. Il est vrai qu’au plus fort des attaques commises par la rébellion, beaucoup d’imams avaient été tués et souvent égorgés tandis que les prêtres qui sont très nombreux dans cette partie du territoire national étaient curieusement épargnés. D’ailleurs, c’est ce constat qui avait poussé en un moment donné Sidy Badji, l’alors chef du Front Nord, et ses hommes à lever le pied.

Mais au vu de la composition de l’Etat-major du Mfdc, on se rend compte que les Musulmans y sont bien représentés. Même si le chef d’état-major, César Atoute Badiate, est un Catholique !

Le second document, justement, est signé César Atoute Badiate. Un document manuscrit et truffé de fautes de français qui renseigne sur le faible niveau scolaire du chef de l’aile combattante du Mfdc ! Dans ce dit rapport, ce chef rebelle dit avoir été informé que le nommé Ousmane Niantang vient d’installer une nouvelle base rebelle après avoir obtenu « de nouveaux recrues » (sic !). Et César Atoute Badiate de demander à ses combattants de se tenir prêts « Car l’Armée sénégalaise prépare un ratissage après des accords avec l’Armée Bissau-guinéenne. Vus le bracage (Sic) de Diohére, l’Etat major général du Maquis met en garde à (sic) tous ses combattants de respecter scrupuleusement aux civiles (Sic) conformément aux règlement (Sic) internationaux des droits de l’homme. Un homme avertis (Sic) en vaut deux » !

Nos investigations nous ont permis de savoir toutefois que ce dernier document — vraisemblablement trouvé dans les archives du mouvement — est très ancien puisque le Ousmane Niantang auquel fait allusion César est mort l’année dernière à Mbour où il avait fini de s’établir après avoir vécu à un moment donné à Fatick. Chassé du maquis, il s’était reconverti en marabout-charlatan mais se livrait aussi au négoce de poissons séchés.

Notre confrère Amadou Ly Diom, très proche de César Atoute Badiate, et qui a écrit un livre sur le conflit casamançais, avait d’ailleurs raconté dans son ouvrage les circonstances dans lesquelles Niantang avait fait défection avec l’essentiel des armes lourdes du camp de César mais aussi avec la plupart des hommes. C’était en mai 2010.

A l’époque, c’est Bertrand Sané, le « commandant des opérations » du camp de César qui avait d’abord fait défection après avoir volé les armes. Deux jours plus tard, Niantang, avec qui il était de mèche, l’avait rejoint dans sa dissidence. Niantang avait voulu lancer un assaut contre son ancien chef qui, se trouvant en position de faiblesse car sans armes ni hommes en nombre suffisant, n’avait dû son salut qu’à des renforts envoyés par son vieux rival Salif Sadio.

Cela dit, il reste que le fait pour César Atoute Badiate d’insister pour que ses combattants respectent scrupuleusement les civils est tout de même une bonne chose à mettre à son actif. Cela prouve aussi qu’il est, quoi qu’on dise de lui, un chef responsable…

Le Témoin

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