Le leader de Pastef a remporté la bataille d’opinion dans cette histoire de viol pour laquelle il était indexé. Mieux, après la démonstration de forces de ses partisans et sympathisants, obligeant ainsi le Président Macky Sall à céder, Ousmane Sonko est devenu le leader incontestable et incontesté de l’opposition. Pour autant, pourra-t-il capitaliser cet élan de sympathie sans renier ses convictions de combattre le système ? Analyse du quotidien “L’As”
En tout cas, d’énormes défis se dressent en travers de son chemin en perspective des prochaines échéances électorales qui se profilent à l’horizon.
La politique est l’art de gérer la cité. Mais faudrait-il auparavant bénéficier de la confiance des citoyens et conquérir le pouvoir. Et sous nos tropiques, cette conquête peut toujours révéler des surprises. D’où la nécessité de se préparer à toutes les éventualités. Ousmane Sonko devrait avoir bien conscience de cela et décrypter à son tour le message délivré par le peuple sénégalais ces dernières semaines.
Ainsi, en plus des combats démocratiques et de restauration des libertés, le leader des patriotes devrait résoudre certaines équations politiques.
Avec qui aller aux élections ? Sous quelle bannière ? Quels profils mettre en avant pour certains types d’élections ?…
Des questions pas anodines surtout que les prochaines échéances électorales ne sont pas lointaines. Ce n’est pas une promenade de santé pour le candidat arrivé troisième à la Présidentielle de 2019 et qui aujourd’hui compte de plus en plus de partisans et d’adhérents à sa cause, qu’ils soient de simples citoyens, des membres de la société civile ou des formations politiques.
Face à cette masse de nouveaux souteneurs, Pastef devrait identifier ceux avec qui il partage des idéaux et des valeurs politiques d’autant que son leader se veut le chantre de l’antisystème. Une grande coalition électorale devrait être portée sur les fonts baptismaux en direction des scrutions locales et législatives. Celle-ci pourrait ainsi jouer le rôle de veille et d’alerte par rapport au processus électoral.
D’aucuns savent que pour se positionner et avoir de fortes chances pour diriger le pays, les prétendants à la magistrature suprême doivent travailler afin que leur étendard soit présent dans une bonne partie des circonscriptions nationales. Et les élections locales constituent un bon moyen pour arriver à ces fins.
L’histoire a démontré que si l’opposition remporte des localités stratégiques, elle gagne à coup sûr la Présidentielle. En 2009, l’opposition regroupant le PS, l’AFP, la LD, le PIT, l’APR entre autres avait dominé à l’époque le PDS du tout puissant Wade. Des signes avant-coureurs de la déchéance du pape du Sopi en 2012, avec comme heureux élu Macky Sall, seul leader à sortir du lot à l’issue du premier tour de la Présidentielle.
Aujourd’hui, avec les reports répétitifs des Locales depuis 2019, le chef de l’Etat n’a-t-il pas senti que l’électorat qui l’avait plébiscité en 2012 allait continuer de s’effriter au profit de ses adversaires ?
Tout porte à le croire vu l’engouement autour du leader des patriotes. Ce qui est à remarquer, c’est que cette simple affaire de viol s’est transformée en une vraie bataille politique laissant deviner le niveau de force de chacun.
Sonko devra faire avec de jeunes loups !
Et si par hasard Ousmane Sonko devait créer une alliance électorale, elle aurait pour objectif de mettre dans son escarcelle des localités stratégiques comme Dakar, Touba, Thiès, Saint-Louis, Louga, Casamance, entre autres.
Si avec les couleurs de Pastef, il peut remporter facilement les communes de la zone sud, ce ne sera pas forcément le cas pour les autres localités. D’où la nécessité de travailler sur cet aspect.
Aujourd’hui, fort de l’engouement populaire, Pastef gagnerait plus à bâtir une machine électorale, seule capable de lui procurer de grandes victoires lors des prochaines joutes.
Cette machine électorale doublée d’un appareil politique devrait, avec une forte coalition, ouvrir les voies impénétrables du pouvoir à Pastef arrivé troisième à la dernière Présidentielle et dont l’électorat ne cesse manifestement de grimper. Il a été multiplié par 10 entre les élections législatives de 2017 et la présidentielle de 2019, passant de 65 235 électeurs aux législatives à 587 000 voix à la présidentielle, soit 15,67% de l’électorat. Ousmane Sonko devrait aujourd’hui faire l’union sacrée autour de sa personne.
Pour cela, il devrait se départir de l’euphorie actuelle et bien choisir ses compagnons politiques. Tout en sachant qu’il devra faire avec de jeunes loups aux dents aussi longues à l’image de Bougane Guèye Dani, Thierno Alassane Sall, Abdoul Mbaye, Malick Gakou, etc. A moins que l’initiative d’une large coalition ne provienne d’un leader comme Khalifa Sall dont l’éligibilité est encore sujette à caution, mais qui dispose d’une oreille de presque toute l’opposition.
L’AS.
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