Une vingtaine de généraux français, ainsi qu’« une centaine de hauts-gradés et plus d’un millier d’autres militaires » ont signé une lettre ouverte, adressée à l’exécutif français et publiée mercredi par le magazine « Valeurs actuelles », connu pour être un porte-voix des idées d’extrême droite dans l’Hexagone.
Dans la tribune intitulée « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants » : 20 généraux appellent Macron à défendre le patriotisme », les signataires du message adressé aux Président et Gouvernement français, font état de « dangers mortels » guettant la France :
« L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent », note d’abord la tribune publiée au 60e anniversaire d’un putsch manqué de généraux français en 1961, voulant garder l' »Algérie française » alors que la nation algérienne gagnait son indépendance, à l’issue d’une guerre contre l’État colonial français.
Hasard ou coïncidence du calendrier : nous l’ignorons.
– « Délitement qui frappe notre patrie »
« Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays », notent encore les signataires de la tribune dénonçant le « délitement qui frappe notre patrie » française.
Les acteurs supposés du délitement évoqué sont présentés par les auteurs de la lettre, comme les défenseurs d’« un certain antiracisme », ceux de « l’islamisme et les hordes de banlieue », sans pourtant nommer aucune entité, mais en résonance avec les débats politiques récents ayant agité la classe politique, les médias et l’opinion françaises [1], notamment sur les supposés « séparatisme islamiste » et « islamo-gauchisme », ainsi que la « théorie du grand remplacement » de la population occidentale définie comme chrétienne par une population issue de l’immigration musulmane et africaine, ainsi que la mise en opposition de cette théorie avec les idées anticolonialistes défendues par des acteurs décriés comme « islamo-gauchistes ».
Les militaires auteurs du message, ont également dénoncé « le pouvoir [qui] utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. », en référence aux manifestations sporadiques et populaires ayant agité la France dès l’automne 2018.
Il est à noter que certains Gilets jaunes avaient notamment érigé le Général Pierre de Villiers comme possible prochain chef d’État français, ces Gilets jaunes n’excluant pas l’éventualité d’un coup d’État.
Ancien chef d’État-Major des armées, de 2014 à 2017, le Général de Villiers avait démissionné de ses fonctions à la suite de désaccords avec le Président Emmanuel Macron alors nouvellement élu à la tête de l’exécutif français.
Auteur de plusieurs livres depuis sa démission, le Général de Villiers, frère du politicien ultraconservateur Philippe de Villiers, avait été associé à diverses rumeurs relatives à une éventuelle candidature à l’élection présidentielle française de 2022, ce qui avait été nié par le militaire déclarant ne pas être intéressé par le pouvoir.
– La menace de la « guerre civile » et l’impossible indifférence des signataires
« Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or, nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements des spectateurs passifs », notent les auteurs de la lettre, réitérant plusieurs fois dans le texte leur impossible indifférence face aux évolutions jugées dangereuses pour la France.
« On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers », soulignent encore les militaires appelant l’exécutif français à l’action immédiate, et faisant peser la menace ouverte d’une « explosion » de leur part, à défaut d’initiatives du gouvernement :
« Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national », notent encore les militaires signataires du courrier.
Autre particularité notable de la tribune menaçante, dans un contexte où les politiciens de l’exécutif comme de l’opposition soulignent leur volonté affichée de lutte contre ce qui est décrit comme l’ingérence étrangère à travers la religion, notamment : celle-ci fait ouvertement référence à un acteur religieux étranger cité comme référence à la nécessité d’une action immédiate en France :
« Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation », note la « tribune des 20 généraux ».
– Marine le Pen appelle les généraux à la rejoindre dans la « bataille pour la France »
En réaction à la tribune des généraux, la présidente du parti d’extrême droite, Rassemblement National (RN), Marine Le Pen a signé une tribune vendredi dans le même magazine, la leader d’extrême droite appelant les généraux à la rejoindre dans la « bataille pour la France ».
« En réponse à la tribune signée par 20 généraux, publiée jeudi sur notre site, qui appelaient à un « retour de l’honneur de nos dirigeants » face à la montée du séparatisme, la présidente du Rassemblement national leur adresse une lettre ouverte, dans laquelle elle partage leur diagnostic et leur propose, en réponse, de la rejoindre en vue de la prochaine élection présidentielle », note le magazine « Valeurs Actuelles » dans son propos liminaire.
« Votre initiative, rare dans l’institution militaire, témoigne du degré d’inquiétude qui est le vôtre face à la dégradation préoccupante de la situation de notre pays. Le constat sans concession mais juste que vous dressez comme la force des termes que vous utilisez constituent une interpellation publique que, compte tenu de votre qualité de signataire, personne ne peut ignorer », souligne d’abord Le Pen faisant état de sa préoccupation, à l’instar des généraux.
« Comme citoyenne et comme femme politique, je souscris à vos analyses et partage votre affliction. Comme vous, je crois qu’il est du devoir de tous les patriotes français, d’où qu’ils viennent, de se lever pour le redressement et même, disons-le, le salut du pays », note encore Marine Le Pen.
« Je vous invite à vous joindre à nous pour prendre part à la bataille qui s’ouvre », ajoute la leader d’extrême droite, soulignant sa volonté de prendre le pouvoir par les voies démocratiques et d’ainsi apporter une réponse aux « inquiétudes » exprimées.
« Elle [la réponse] exige en démocratie, la recherche d’une solution politique qui doit se concrétiser par un projet d’alternance qui a vocation à être validé par le suffrage des Français. C’est l’objet de ma démarche politique et de ma candidature à la Présidence de la République avec l’objectif d’un gouvernement d’Union nationale », note Le Pen soulignant sa volonté d’un « rassemblement national ».
« Je vous invite à vous joindre à notre action pour prendre part à la bataille qui s’ouvre, qui est une bataille certes politique et pacifique, mais qui est avant tout la bataille de la France », conclut Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National.
Source : aa.com
→ A LIRE AUSSI : Italie : Une Sénégalaise, arrêtée par la police, meurt après avoir reçu une décharge électrique
'