Des nouvelles de Diary Sow. Deux mois après son retour au Sénégal, elle a participé au ’’Forum exclusivement féminin’’ tenu hier à Saint-Louis. Reprise par Les Echos, l’écrivaine, à travers ses prises de positions, intervient en défenseur de la cause des femmes. Une féministe est née.
« Quand il y a certaines qui veulent se lancer, vivre leur vérité, et non celle qu’on leur impose, on minimise leur légitimité. C’est à peine si on nous accepte encore dans notre société, devenant ainsi les ’’occidentales’’, les ’’genn xeet’’ (marginalisées). Mais c’est un risque à prendre. Il n’y a aucune peur, aucune honte à avoir à revendiquer la femme qu’on veut être. Ce culot, ce sursaut, n’annule pas la féminité. Au contraire, il la sublime. Il ne diminue pas la valeur non plus, ne rend pas moins vertueuse », a-t-elle déploré.
D’autant plus qu’a-t-elle souligné : « la revendication féminine, arrivée tard au Sénégal, a encore du chemin à parcourir. On est loin du monde où les femmes pourraient jouir librement de leur sort, de leurs biens, prendre une place dans les instances de décision, sans pour autant rendre compte de leur habillement, leur idée, leur vie sexuelle. »
Poursuivant, Diary Sow ajoute : « je n’ai jamais rêvée d’être écrivaine, je n’ai jamais songé à m’engager pour une quelconque cause ou à sauver l’humanité. J’ai écrit pour la première fois pour une satisfaction personnelle. Parce que je pensais tout d’abord à ma propre consolation, à mon propre plaisir. En grandissant, j’ai observé les femmes dans mon entourage. Elles étaient le reflet du ’’moi’’ futur. Elles étaient des modèles que je devais suivre, des modèles parfaits avec toutes les qualités du monde, de ’’sutura’’, de ’’maslaa’’. Mais je me suis rendue compte avec la maturité que ce modèle imposé à toutes les jeunes filles de notre pays n’était pas sans faille. Et je n’étais pas vraiment certaine de pouvoir m’y conformer. J’ai commencé à noter des injustices, des inégalités, à lire des romans sénégalais sur la condition de la femme dans la société, des romans qui pointaient du doigt accusateur sur la polygamie, le mariage précoce, l’apologie du viol, la pédophilie. Des romans qui peignaient la femme comme objet sexuel, caritatif, objet de commerce, pour mieux nous émouvoir. Et cette littérature qui est dite étrange parce qu’elle remet en question les bases de l’équilibre de la société et l’ordre patriarcal établi et dominant, m’a poussé à revoir les motivations de mon écriture. »
La lauréate du Concours général en 2018 et 2019 de conclure : « il me fallait plus écrire pour moi, mais pour améliorer les conditions de la femme. Il fallait apporter sa pierre à l’édifice de la société qui repose, qu’on le veuille ou non, sur l’oppression et l’exploitation des femmes. Et c’est pour cette raison que j’ai décidé d’écrire et de publier. Je n’ai pas vécu longtemps mais du haut de mes vingt ans, je sais que la société sénégalaise, telle qu’elle était hier, au lendemain de la colonisation, vers les années 60-70, a incontestablement progressé en matière de droits des femmes, en raison d’un univers politique et social et d’un changement de mentalité. Le Sénégal est passé d’une société matriarcale à une société patriarcale moderne. Dans la société sénégalaise traditionnelle, la femme était vénérée. Il y avait des reines, des Linguères, des guerrières. On peut se féliciter des progrès qui ont été faits mais ils restent peu suffisant si on considère le nombre de combats qu’il reste à mener, comme la polygamie abusive, les violences, les viols… ».
Avec Emedia
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