Kh. Seck, l’essence, les bougies et le rituel de la mort : « Aujourd’hui, personne ne restera en vie »

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Le voile se lève peu à peu sur les circonstances de l’incendie dans lequel Kh. Seck et son épouse Kh. Diouf ont perdu la vie à Niagues, au quartier Hlm 3 Darou Salam. Des indices relevés sur la scène du drame confirment l’usage d’un liquide inflammable qui a servi à mettre le feu dans la chambre du couple. Un liquide qui aurait été aspergé par l’époux, après une discussion houleuse et une mise en scène qui a fait paniquer l’épouse. L’Obs déroule le film.

Soixante-douze heures après l’incendie survenu dans leur quartier et qui a emporté un couple, les habitants d’Hlm 3 Darou Salam à Niague sont encore sous le choc. Ici, impossible d’échapper au sujet. Il est évoqué dans les « grandes places », au marché et dans les foyers. Et naturellement, les langues se délient, les souvenirs enfouis au plus profond des mémoires refont surface. Ces souvenirs sont dépoussiérés et alimentent les discussions. Pendant ce temps, les visites se succèdent dans la maison vide du couple Seck. Une maison aux murs noircis par les flammes et d’où semblent résonner encore les cris de souffrance du couple en proie au feu. « Elle (la maison) hante mes nuits depuis jeudi, je n’ose plus passer à la devanture de cette maison », témoigne une voisine du couple Seck. « Ce fut une mort atroce », poursuit un autre. Pourtant ici, tous s’accordent à reconnaître que ce fut une mort à la fois… programmée et provoquée. « C’est l’époux », coupe net une dame de forte corpulence qui semble bien connaître les habitudes du couple Seck.

Selon des confidences faites à L’Observateur, déjà en fin de journée, le jeudi 12 octobre, des éclats de voix venant de la maison du couple avaient fait sursauter quelques voisins. « C’était un couple à problèmes certes, mais tout finissait par s’arranger comme partout ailleurs », confie la dame à la forte corpulence. Mais elle ignorait que la fracture survenue entre les époux Seck était beaucoup plus profonde. « C’est vrai, il y avait une question d’argent que le mari réclamait à son épouse. Il l’a plus d’une fois menacée de mort », souffle cette fois un proche de la dame rencontrée à Thiaroye et qui confie que plus d’une fois, de bonnes volontés se sont investies pour recoller les morceaux. En vain.

La même personne rappelle que le différend entre les époux était très profond. Un différend qui a atteint son paroxysme, lorsqu’un jour, le mari a essayé d’attenter à la vie de son épouse. « Cela relève du passé, mais cela est connu de tous. Il avait tenté de tuer son épouse par strangulation », souffle, hésitante, notre interlocutrice. Qui confie que KH Diouf, l’épouse, s’en était tirée par on ne sait quel miracle. Le couple continuait à battre de l’aile. Il en sera ainsi jusqu’au jeudi 12 avril, lorsque sur le chemin du retour à la maison, l’époux remet sur la table le différend portant sur l’argent qu’il réclame à son épouse. La dispute éclate, les mots volent très bas, au point que le mari, O. Kh. Seck, et sa femme, KH. Diouf, décident de ne pas rentrer ensemble. L’époux retourne à la maison à bord de son véhicule, pendant que l’épouse emprunte un bus. Lorsque tous les deux se retrouvent dans la maison, la situation devient tendue. Hélas, KH Diouf, l’épouse, était loin de se douter qu’elle vivait sa dernière nuit. Son époux avait déjà mâché le plan qu’il allait dérouler pour se débarrasser d’elle. Tard dans la nuit, pendant que leurs quatre enfants dormaient dans leur chambre et que la domestique était également dans les bras de Morphée, l’époux, O. Kh. Seck, ferme à double tour la porte de la chambre du couple, range la clé dans un endroit (un détail important pour la suite) et allume quatre bougies.

L’essence, les bougies et le rituel de la mort : « Aujourd’hui, personne ne va plus vivre… »

Inquiète, KH Diouf sursaute et interroge son époux sur ce comportement bizarre qui a tout l’air d’un rituel. Son époux lui répond sèchement : « Aujourd’hui, personne ne va vivre, personne ne sortira vivant de la chambre. Ce n’est pas un jour pour vivre. » Des propos qui affolent la dame. Elle se souvient très vite des menaces de mort et de la dernière tentative de son époux de la tuer par strangulation. Mais il était bien trop tard, lorsque dans un effort surhumain, elle saute du lit et crie de toutes ses forces pour tenter d’alerter les voisins.

« Au secours, Seck veut me tuer, au secours. » Furieux, dans un geste vif, l’époux déverse de l’essence au sol dans la chambre, qui prend immédiatement feu après une énorme explosion. Tous les deux pris dans le piège des flammes et de la fumée, tentent de sortir de la chambre. Aveuglé par la fumée et partiellement brûlé, l’époux O. Kh. Seck, n’arrive plus à retrouver la clé. Il la cherche en vain avant de décider de se jeter de toutes ses forces sur la porte qui vole en éclats. Il tombe dans le salon, hurlant de douleur, pendant que son épouse, brûlée et étouffée par la fumée, s’effondre entre le lit et l’armoire.

Calciné, le corps méconnaissable de l’épouse sera retrouvé plus tard par les voisins venus leur porter secours. Les premiers appels au secours de KH. Diouf réveillent la domestique qui se rue dans le salon, sans se soucier des flammes qui progressent et se propagent dans la maison. Elle sera retrouvée brûlée aux pieds et aux mains. À leur tour, les voisins du couple Seck, qui étaient dans les bras de Morphée, sont tirés des lits par le bruit de l’explosion. Lorsqu’ils se ruent dehors, ils découvrent la maison des Seck en feu. Ils organisent les secours, se heurtent à la configuration de la maison construite comme une forteresse.

Secoués par les cris de douleur de l’époux agonisant, ils réussissent à se hisser sur le toit de la maison avant de sauter dans la cour pour ouvrir la porte et permettre ainsi aux autres voisins d’accéder aux lieux pour tenter d’éteindre le feu avec des bassines et seaux remplis d’eau. L’incendie maîtrisé, les habitants secouristes découvrent dans le salon le corps sans vie de l’époux, pendant que dans la chambre à coucher gît le corps calciné de KH. Diouf, l’épouse. La domestique, également brûlée, a été retrouvée, de même que les quatre enfants du couple qui étaient restés bloqués dans leur chambre.

Les corps sans vie des deux époux acheminés à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff (Ex Cto) aux fins d’autopsie, ont été remis à leurs familles respectives qui ont procédé à leur inhumation. L’époux, O. Kh. Seck, a été enterré à Ouakam, pendant que son épouse, KH. Diouf, a rejoint sa dernière demeure à Touba.

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