Manifestations au Sénégal : la vidéo qui prouve des tirs à balles réelles sur la foule à Dakar

Avatar photoPublié par

Une vidéo filmée le 5 mars 2021 et diffusée le lendemain montre des hommes en civil pourchassant une foule dans le centre de Dakar, et tirant avec au moins une arme létale. Cette scène s’inscrit dans une vague de manifestations qu’a connu le Sénégal depuis le 3 mars, après l’incarcération de l’opposant Ousmane Sonko.

La vidéo, qui dure 1 minute 37, est prise depuis un immeuble à l’angle des rues Galandou Diouf et Dr Thèze, dans le quartier du Plateau à Dakar. On ne retrouve pas d’occurrence en ligne de cette vidéo avant le 6 mars. Contacté par notre rédaction, un commerçant de la rue a pu confirmer que la scène s’est déroulée le vendredi 5 mars en début d’après midi.

 

 

Par ailleurs, comme le note Jeune Afrique, plusieurs manifestants portent des masques chirurgicaux, ce qui indique bien que cette vidéo montre une manifestation récente. Le 7 mars, un bilan officiel a fait état de quatre morts.

Qui sont les hommes armés ?

Dans la vidéo, on voit deux hommes en tenue civile, armés respectivement d’un fusil à pompe et d’un fusil d’assaut court. Celui armé d’un fusil à pompe, en veste bleu foncé, tire à au moins quatre reprises, à hauteur d’homme. À 0’10, on distingue une douille tomber au sol après un tir.

À gauche, un homme en veste bleue tient un fusil à pompe et, à droite, un autre en t-shirt blanc tient un fusil d’assaut court. Ce modèle de type HK-G36 ne peut tirer que des munitions réelles. © France 24/Facebook

Selon un expert balistique consulté par la rédaction des Observateurs de France 24, les balles tirées par cet homme peuvent être aussi bien létales que non létales. Cependant, l’arme utilisée par l’autre homme, portant un tee-shirt blanc et un gilet pare-balles, est un fusil d’assaut, qui ne peut tirer que des projectiles létaux courts. Ce fusil pourrait correspondre à un modèle déjà utilisé par l’armée de terre, le HK-G36. À 0’40, on voit cet homme tirer à deux reprises, la première fois à hauteur d’homme et la suivante en direction du sol.

« Les policiers en civil ne sont pas censés intervenir et tirer sur la foule »

Si différents médias et associations ont dénoncé la présence dans les manifestants de « nervis », terme désignant les hommes en civil armés de bâtons observés en train de frapper des manifestants aux côtés de la police, les deux hommes armés visibles dans la vidéo ressemblent plutôt à des policiers en civil, selon le secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Radhho), Sadikh Niass.

Nous avons remarqué deux groupes de personnes dans le cadre de ces manifestations, les « nervis » armés de bâtons qui ont travaillé aux côtés de la police, et des hommes armés qui ont rejoint les rangs des manifestants pour profiter du chaos et piller magasins et banques. Dans ce cas, il s’agit plus probablement de policiers en civil, dont la présence a été confirmée par le ministre de l’Intérieur lui-même.

À mon sens, ces policiers en civil ne devraient pas être équipés d’armes à feu puisque leur rôle, en principe, est de se faire discret pour repérer et identifier des manifestants. Ils ne sont pas censés intervenir et tirer sur la foule. Ceci dit, on ne peut pas non plus exclure le recrutement de milices armées par les forces de police. Tous ces éléments sont préoccupants et nous réclamons le lancement rapide d’une enquête pour faire toute la lumière sur ces affaires.

Ce mardi 9 mars, le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), qui avait coordonné la protestation, a annoncé une « pause » dans la mobilisation après la libération de l’opposant Ousmane Sonko et l' »appel au calme » du président Macky Sall.

 

Source : France24

Telecharger les applications SeneNews

→ A LIRE AUSSI : Remarque sexiste du président français de la FFF – Elizabeth Moreno gonflée de colère répond: « le sexisme tue »

→ A LIRE AUSSI : Tariq Ramadan:  »Rien à ajouter à la conférence d’Ousmane Sonko… on comprend pourquoi il fait peur »

→ A LIRE AUSSI : Tariq Ramadan réagit aux manifestations:  »La France est historiquement une habituée de l’élimination juridique, médiatique et même parfois physique des personnalités politiques qui la gênent »

'