Le récent marché de 71 milliards F CFA, attribué entre le Ministère de la Santé et l’entreprise ACD, fait l’objet de vives contestations. Des lanceurs d’alerte et les fournisseurs de matériel médical appellent le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier Ministre à suspendre toute tentative de régularisation de ce contrat, qu’ils accusent d’être frauduleux et surfacturé.
Les membres de l’Association des Fournisseurs de Matériels Médicaux dénoncent non seulement la surfacturation, estimée à 20 milliards, mais aussi l’opacité entourant l’approbation du marché, qui, selon eux, repose sur des documents falsifiés. Le marché, initialement proposé en 2017 pour un montant de 55 milliards, aurait ensuite été réactivé en 2022 et atteint les 71 milliards. Ils soulignent que ce contrat aurait été signé sans financement réel, la banque allemande KFW ayant confirmé n’avoir accordé aucun financement pour ce projet. Selon les lanceurs d’alerte, l’usage abusif du nom de la KFW a servi à donner une apparence de légitimité à ce marché.
Des impacts sociaux et économiques alarmants
Les opposants au projet avertissent que l’approbation de ce marché pourrait entraîner un monopole au profit d’ACD et de son partenaire SIEMENS, plaçant l’État sénégalais dans une situation de dépendance coûteuse. Les frais d’entretien, de maintenance et d’approvisionnement en consommables pourraient s’élever entre 10 et 15 milliards de F CFA par an, une charge pesant lourdement sur les finances publiques. Cette dépendance risque également de provoquer des difficultés pour les autres fournisseurs locaux, menaçant ainsi des emplois et l’activité économique dans le secteur de la santé.
Un appel à la vigilance du nouveau régime
Face à ces inquiétudes, les fournisseurs et les lanceurs d’alerte rappellent que le projet Sénégal 2050 repose sur les principes de transparence et de justice, incarnés par la doctrine de “JUB-JUBBEL-JUBBANTI”. Ils appellent le Président et son Premier Ministre à ne pas cautionner ce marché controversé et à préserver les idéaux du nouveau régime. Une demande d’action rapide a été formulée, à l’image de l’annulation récente du marché des quatre hôpitaux, jugé également surfacturé.
En dénonçant ces pratiques qu’ils associent à l’ancien régime, les lanceurs d’alerte veulent empêcher toute tentative de régularisation qui serait perçue comme une trahison des engagements du nouveau gouvernement. “Nous interpellons le Chef de l’État pour qu’il prenne les mesures nécessaires, afin de stopper ce marché qui menace l’économie locale et met en danger l’avenir du secteur médical au Sénégal”, déclarent les fournisseurs dans leur communiqué.
Cette affaire met en lumière les enjeux d’intégrité et de gouvernance auxquels le nouveau régime fait face, alors qu’il s’engage à réformer les pratiques de gestion publique et à lutter contre la corruption.
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