L’affaire du groupe Facebook « Homme Choc » atterrit chez Dame justice. Le Collectif des féministes du Sénégal demande à la justice d’agir rapidement « car ce groupe fait l’apologie du viol sur des femmes ».
Le Sénégal est secoué par le scandale « Homme choc » sur Facebook. Une discussion privée entre hommes dans un groupe privé dénommé « Homme Choc », qui ont tenu des propos discriminatoires et choquants envers les femmes albinos et des femmes vivant avec un handicap, s’est retrouvée sur la place publique. « Qui a goûté un albinos ? Degg naa noonou la nékhéé ! », « Ndékété gnari tank dou dara.. Lo k.. té K handicapé yangui yakh danou… Mani damay takk ! », « […] néwonne nama, beuss boo k.. lafagne, girl bo am damm tank yi ! ». Ce sont là des captures de discussions qui ont provoqué une vague d’indignations du côté des internautes, hommes comme femmes. Particulièrement les féministes.
Et, le Collectif des féministes du Sénégal se dit consterné par les conversations sur Facebook d’un groupe privé d’hommes nommé « Homme Choc », « groupe dans lequel des hommes sénégalais publient des propos sexistes, misogynes et validistes alliant apologie de la violence, du viol et atteinte à l’intégrité physique de femmes et filles déjà en situation de vulnérabilité ».
Témoignant leur soutien et solidarité à leurs sœurs ciblées par ces violents propos publiés dans le groupe, elles alertent et déplorent : « Ces messages déshumanisants mettent les femmes en danger. Les membres du groupe participent à la fétichisation de personnes déjà victimes de stigmatisation dans notre société. »
Selon le collectif, ce groupe « supposé privé » est en réalité un lieu de défoulement sexiste et de haine dirigé contre les femmes. « Ces hommes, dénoncent-elles, y étalent fièrement leurs comportements de prédateurs sexuels et de violeurs. Ce groupe misogyne, sexiste et validiste regroupe plus de 1 000 hommes sénégalais avec des profils socioprofessionnels divers et élevés : avocats, politiciens, patrons de presse, influenceurs, célébrités, animateurs TV, journalistes, ministre de la République, présidents d’associations pour victimes et survivantes de violences sexuelles, et certains travaillent avec des organisations internationales qui militent pour les droits des femmes. »
Dans le communiqué, les féministes se désolent que rien n’ait été fait, malgré le tollé suscité. « Au contraire, tout est fait pour étouffer cette affaire… Ces politiciens et activistes qui se déchirent sur le terrain politique, en public, partagent, en privé, leur haine envers les femmes jusqu’à mettre en danger la vie des femmes, en exploitant leur situation de vulnérabilité. Le fait que les coupables minimisent l’ampleur et l’horreur de leurs propos est encore plus choquant. Ceux qui évoquent que ça «relèverait du privé» ne comprennent pas qu’on ne fait pas de blagues au détriment de la dignité des femmes, même en privé ».
De ce fait, soulignent les défenseurs des femmes, les membres du groupe révèlent leur vraie nature de prédateurs sexuels. Ils « sont des dangers ambulants pour toute la société sénégalaise. Les hommes sénégalais sont les premiers à crier qu’ils respectent les femmes parce que nous sommes des « épouses », des « mères » et des « sœurs ». Nous n’avons pas besoin que ce respect soit conditionné à une proximité familiale. Notre seule existence suffit pour qu’on nous respecte. Le comportement de ces hommes révèle le traitement réservé aux femmes dans la société sénégalaise ».
Selon les femmes, le privé ne doit pas être une zone de non-droit où les gens ont la licence de tout faire. Elles indexent également une « solidarité masculine » tous azimuts et tirent sur les membres passifs du groupe et les médias : « Ceux qui n’ont pas commenté ont continué à bénéficier des privilèges de ce « boys club » plutôt que de se désolidariser… La majorité des médias n’ont pas traité cette affaire à cause des patrons de presse qui sont membres du groupe « Homme Choc« . Même les organisations qui se sont autoproclamées « gardiennes des bonnes mœurs » sont restées muettes, malgré nos nombreuses interpellations », dénoncent les féministes, non sans exiger des poursuites judiciaires contre ces « comportements toxiques ».
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