Papa Djibril Fall : « Au Sénégal on n’a pas un pouvoir judiciaire, mais une administration judiciaire »

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« L’opposition doit veiller sur le rôle d’alerte et mettre en avant l’intérêt supérieur. L’institution qui devait rassurer les gens est aujourd’hui au banc des accusés il s’agit de la justice. L’Etat quant à lui devait avoir des priorités. Le système sanitaire ne marche pas comme il se doit, l’éducation est dans le gouffre, les drames sociaux  avec les incendies des marchés. Notre pays est en ébullition et les politiques sortent pour parler de choses les concernant » s’est désolé Papa Djibril Fall. 
 
Le Chroniqueur de la TFM estime que « l’intérêt collectif est souvent revu au second plan. Il y a une volonté manifeste d’orienter le débat. Les Sénégalais sont orientés vers tout, sauf l’essentiel. Mais cela se comprend.  Celui qui  vit de ton sommeil ne souhaite pas que tu te réveilles ». 
 
Selon lui, le monde des politiques, du côté du pouvoir comme du côté de l’opposition, a mobilisé beaucoup d’énergies. Le camp du pouvoir mobilise  toutes les intelligences qu’il a, et tous les moyens pour ne parler que de choses futiles. De la même manière l’opposition mobilise toute son énergie pour ne parler aussi que de petites phrases pour discréditer. Au même moment, le monde bouge … ».
 
 Dans la même dynamique, il dénonce le fait que «  l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) veuille se faire passer pour la justice alors qu’elle ne l‘est pas. C’est une organisation corporatiste. La perception que les populations ont sur l’indépendance de justice n’est pas gratuite. Ce sont les magistrats qui demandent leur indépendance pendant leurs rencontres. Il faut aussi noter la fameuse sortie d’un des leurs qui est encore intacte dans les esprits des justiciables.  ‘J’ai démissionné de la justice qui a démissionné’, avait dit un membre  du conseil supérieur de la magistrature ».
A partir  de ce moment, dit-il, « On doit  faire le discernement entre deux choses : le système judiciaire républicain par rapport à la séparation des pouvoirs et les hommes et les femmes qui l’animent. Et seul l’équilibre entre les pouvoirs peut être le salut pour tous. Tant que l’exécutif aura la mainmise dans la justice, la question de l’indépendance des magistrats sera posée sur la table.  Il n y a que le pouvoir qui arrête le pouvoir et actuellement on n’a pas un pouvoir judiciaire mais une administration judiciaire. On dit souvent qu’on n’a pas besoin d’hommes forts mais  d’institutions fortes. On oublie que les institutions ne sont rien d’autres que ce que  les hommes en font ». Il ajoute que la justice devient chaotique dans ce pays alors qu’elle devait être le dernier rempart. On a vu dans le monde des magistrats qui se sont dressés contre le pouvoir pour des dossiers grandeur nature.
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