Il fait partie de la génération qui a emmené au Sénégal une première CAN. Mame Baba Thiam n’est toujours pas descendu de son nuage, lui qui était plus ou moins sceptique. L’attaquant de Kayserispor, issu d’une famille modeste, nous a confié que s’il joue au football, c’est pour subvenir aux besoins des siens, mais aussi pour aider ses amis d’enfance qui n’ont pas eu sa chance.
Mame Baba, qu’est-ce que cela vous fait d’être de la génération des Lions qui ont offert au Sénégal sa première CAN ?
C’était une grande fierté pour moi, j’étais trop content. C’était un rêve de gosse de jouer la Coupe d’Afrique avec l’équipe nationale du Sénégal. Ma première titularisation n’était pas facile, parce que je venais de guérir de la Covid-19, seulement deux jours avant. Ensuite, j’ai fait un long voyage pour rallier le Cameroun. Sur place, le sélectionneur Aliou Cissé s’est entretenu avec moi et m’a dit que j’allais démarrer ce match. Comme pour tous mes coéquipiers, le match était très difficile, mais par la grâce de Dieu, on a atteint notre objectif ce jour-là (victoire 1-0 contre le Zimbabwe, ndlr).
Avez-vous fini de digérer ce parcours historique à cette CAN 2021 ?
C’est vrai que les premiers instants après le sacre, on n’avait pas vraiment réalisé qu’on venait de faire un retentissant exploit. On savait que le Sénégal n’avait jamais remporté la CAN. Donc, en venant au Cameroun, on avait comme objectif d’être les premiers Sénégalais à apporter le trophée continental au pays, pour entrer dans l’histoire. Après la victoire finale, les scènes de liesse et la réaction du peuple sénégalais nous a fait prendre conscience qu’on venait de réaliser quelque chose d’extraordinaire. Mais nous ne comptons pas nous en arrêter là. C’est derrière nous maintenant, d’autres échéances arrivent. Il y a la Coupe du monde cette année, et la CAN l’année prochaine. Donc, on va continuer à travailler pour atteindre nos prochains objectifs.
Que représente l’équipe nationale pour vous ?
Dans ma famille, nous portons dans nos cœurs l’équipe nationale du Sénégal. De ce fait, quand je viens en sélection, je ne suis pas obnubilé par l’envie de jouer coûte que coûte. J’essaye toujours d’être disponible pour l’équipe et d’être à 100% quand le sélectionneur a besoin de moi. Donc, j’ai bien vécu cette aventure, le fait de faire partie du groupe qui a gagné la première CAN pour le Sénégal. C’est vraiment quelque chose d’extraordinaire pour moi.
Y a-t-il une différence entre la CAN et les compétitions en clubs ?
Je dirais qu’il y a une grande différence entre la CAN et les coupes que nous jouons avec nos clubs. La CAN, c’est le continent africain, donc c’est quelque chose d’extraordinaire, surtout pour le Sénégal. Parce qu’à chaque match, on sent tout le peuple et toute la famille derrière nous. Donc, c’est différent des compétitions européennes. La CAN est spéciale et je suis ravi de l’avoir gagnée.
Avez-vous cru que le Sénégal pouvait y arriver ?
Dès le début, j’étais convaincu que c’était possible. On en parlait avec les Sadio (Mané) et Saliou (Ciss). Ce qui m’a le plus conforté dans cette conviction, ce sont les débuts difficiles qu’on a eus, parce qu’on n’avait pas pu battre la Guinée ou le Malawi. On a gagné difficilement notre premier match sur un penalty (contre le Zimbabwe 1-0, ndlr). Je me disais toujours qu’il irait un moment où ça serait plus facile pour nous. On y croyait et en aucun moment on a douté. Et heureusement, tout s’est passé comme prévu.
On dit que la solidarité dans le groupe sur et en dehors du terrain a joué un rôle prépondérant ?
Dans la Tanière, il y a une grande solidarité. Ce qui m’a le plus marqué, c’est que tous les joueurs sont de bons croyants et des pratiquants. C’est quelque chose d’important dans un groupe. La nuit, ils sont en jellabah et parlent souvent de la religion. On sentait vraiment que Dieu était là, et qu’Il pouvait vraiment nous aider dans notre mission. Donc, au delà du football, on était une famille. On était comme des frères prêts à s’entraider. Cette bonne entente laissait présager une bonne campagne. Si les cœurs n’étaient pas unis, ça pouvait se passer autrement.
Aujourd’hui, le Sénégal est devenu l’équipe à battre maintenant. En avez-vous conscience ?
Aujourd’hui, après notre parcours à la CAN et notre brillante qualification à la Coupe du monde, le Sénégal est scruté de très près actuellement dans le monde. Notre objectif dans ce Mondial sera donc d’aller représenter dignement le pays et l’Afrique. Nous allons essayer d’y aller match par match, étape par étape, comme on l’a fait à la CAN. Nous voulons donner le maximum et aller le plus loin possible dans cette Coupe du monde. L’état d’esprit est bon et j’espère qu’on ira jusqu’au bout.
Êtes-vous d’avis que la Coupe du monde 2022 est un grand projet sportif ?
À mon avis, après la Coupe du monde 2018 et la CAN 2019, l’année 2022 vient tout simplement s’inscrire dans la continuité. C’est un projet que le sélectionneur Aliou Cissé avait mis en place depuis longtemps. C’est l’équipe de 2018 qui s’est renforcée aujourd’hui pour devenir ce qu’elle est. Même nous qui n’étions pas là à ce moment, nous avions participé à la campagne, parce que nous parlions souvent avec les joueurs sélectionnés. Donc, c’est une continuité et je suis convaincu qu’on peut faire mieux qu’en 2018. Mais c’est la même génération, le même groupe.
Quelle appréciation faites-vous de l’ambiance du stade Abdoulaye Wade ?
L’ambiance au stade Abdoulaye Wade était extraordinaire. Ça prouve que le Sénégal est un pays de football. Depuis les premières heures de la journée, les supporters commençaient déjà à remplir le stade. C’était vraiment magnifique. L’apport du public était vraiment important. Je pense que c’est bien d’investir sur le football local pour sortir beaucoup de joueurs. Parce que le Sénégal doit continuer à vivre ces moments encore et encore.
Quelle partition les supporters peuvent-ils jouer pour transformer le stade en enfer ?
Avec les supporters qu’on a, je suis convaincu qu’il sera difficile de voir une équipe venir battre le Sénégal au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio. Contre l’Égypte, le public a été extraordinaire. Les supporters ont poussé les joueurs à se transcender. Diamniadio, c’est notre antre. Tout ce que je déplore, ce sont les sifflets de l’hymne national de l’équipe adverse. Ce n’est pas une bonne image et le fairplay est important dans le football. Sinon, j’ai vraiment apprécié l’apport du public ce jour-là.
Quels objectifs vous-êtes vous fixé ?
Depuis tout petit, l’objectif que je me suis assigné, c’était de gagner la Coupe d’Afrique. Mes parents peuvent en témoigner. L’autre objectif c’était d’améliorer les conditions de vie de ma famille. Puisqu’on traversait des moments vraiment difficiles pendant lesquels on ne pouvait même pas se payer à manger. Même le petit déjeuner était compliqué pour nous. Donc, mon objectif n’était pas de jouer à Barcelone ou de gagner un Ballon d’Or. C’était surtout de sortir ma famille de la misère, aider mes amis et mes proches. Moi, j’aime bien le championnat turc, je me sens comme chez moi ici. Et tout va bien pour moi. Chaque année j’ai la possibilité de voyager en Italie, puisque j’ai un passeport italien ; la dernière fois, j’avais une offre en Angleterre. Mais je prends en compte beaucoup d’aspects dans les contrats. Jusqu’à présent, je reçois des offres et avec mon staff on les étudie pour voir.
Source: Record
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