Aminata et Rama Diaw, nées en 2007, viennent de décrocher leur baccalauréat à Dakar. Une telle réussite est inédite au Sénégal. L’État leur a offert à chacune une bourse d’études après que leur père a décliné l’offre de les envoyer dans des classes préparatoires à l’étranger.
Les désormais célèbres jumelles Aminata et Rama Diaw, 13 ans et déjà bachelières, attendent impatiemment les résultats du concours d’entrée à l’École Polytechnique de Thiès (EPT) auquel elles avaient pris part. Dans un entretien à l’Agence France Presse, leur père Demba Diaw révèle avoir décliné une offre de bourses qui leur aurait permis d’intégrer des classes préparatoires aux grandes écoles à l’étranger.
Pour motiver ce choix, cet administrateur civil à la retraite, invoque deux facteurs : le jeune âge de ses filles, d’une part, et le syndrome Diary Sow par ailleurs. Celle-ci, distinguée meilleure élève du Sénégal en 2018 et 2019 puis inscrite en classe préparatoire au prestigieux lycée parisien Louis-Le-Grand, avait « disparu » dans la nature au début de l’année. L’affaire avait mis le Sénégal en émoi. Elle était réapparue au bout de plusieurs jours, avait évoqué des raisons personnelles dont celle visant à prendre du recul. Depuis, elle est revenue au Sénégal.
Échaudé par cette histoire, le père des jumelles de Yeumbeul privilégie donc la voie locale pour la poursuite de leurs études. Un sacerdoce qu’il met en œuvre depuis plusieurs années. Il s’est battu pour leur faire sauter des classes à l’école et leur permettre de décrocher le baccalauréat à l’âge de 13 ans.
Le syndrome Diary Sow
Une telle réussite à cet âge est inédite au Sénégal. Le record était détenu depuis 2019 par un élève de 14 ans. Auparavant, il fallait avoir au moins 17 ans pour passer les épreuves, selon l’office national du bac.
Aminata et Rama Diaw, nées le 8 octobre 2007, étaient inscrites dans un lycée réputé comme un établissement d’excellence situé à Yeumbeul, dans la banlieue populaire de Dakar. Dans la même classe, elles ont réussi au premier tour dans une série scientifique, avec les sciences de la vie de la terre pour dominante (série S2).
« Nous étions stressées. Nous devions réussir pour notre famille, surtout notre père qui a tout fait » pour qu’elles en arrivent là, explique timidement Aminata en recevant des journalistes de l’AFP chez elle avec sa sœur, leur mère Marie Dial Diop Diaw et leur père Demba Diaw.
Celui-ci affirme s’être « rendu compte qu’elles avaient une intelligence précoce ». Il leur a fait sauter des classes et donner des cours à la maison.
Les nouvelles bachelières disent attendre le résultat du concours d’entrée dans une école polytechnique réputée à Thiès (ouest) pour pouvoir suivre une formation en génie civil, comme leur père.
Tout le soutien nécessaire
Le président Macky Sall a salué la performance des jumelles bachelières mardi à Dakar lors d’une cérémonie, destinée à récompenser les meilleurs élèves du Sénégal, dont elles étaient ses « invitées spéciales ».
« L’État vous apportera tout le soutien nécessaire à la poursuite de vos études », a-t-il promis.
La rançon de la précocité ? « Nous ne pouvons plus être tranquilles. Tout le monde nous suit. C’est bizarre », confie Aminata.
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