Lundi 28 juin 2020, l’Assemblée nationale a approuvé le recours au bracelet électronique pour une catégorie de détenus. Près d’un an après son adoption, la loi qui devait entrer en vigueur six mois plus tard, au mois de décembre donc, n’est toujours pas appliquée. D’aucuns soupçonnent l’inexpérience de la société adjudicataire du marché, La Colombe groupe, spécialisée dans les… solutions financières.
Á partir de décembre 2020, le système judiciaire sénégalais devait connaître une révolution avec l’introduction du bracelet électronique. L’Assemblée nationale avait, six mois plus tôt, le 28 juin, adopté une loi dans ce sens. Mais près d’un an après, la réforme reste lettre morte.
La société adjudicataire du marché d’un montant de six milliards de francs CFA, La Colombe groupe, n’arrive pas à faire démarrer la machine. D’après nos informations, la responsabilité de cette entreprise, « qui n’a aucune expérience dans le domaine et dans des projets de ce type », est engagée.
La Colombe groupe est une société créée en 2002, lit-on sur son site. Elle appartient aux frères Guèye, Chimère et Pape Gora. Ce dernier est le beau-fils de Me Aïssata Tall Sall, la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
L’entreprise est spécialisée dans les services financiers : prestations de services bancaires, vente de machines bancaires, intermédiation bancaire, transport de fonds, fourniture d’outils de gestion de cartes bancaires, traitement et conditionnement d’espèces…
Sur son site internet La Colombe groupe met en avant tous ces services qu’elle offrirait, cite les grandes institutions financières de la place parmi ses clients. Mais, elle ne donne aucun détail sur les « 3 projets innovants » qu’elle prétend manifestement avoir mis en œuvre et ses « 5 projets en cours ».
En outre, elle revendique un effectif de « 400 employés de terrain, 50 cadres moyens (et) 20 cadres supérieurs au Sénégal », mais ne donne pas d’indication (identité, poste, contacts…) sur son organigramme et les membres de son Top management.
« Cette société ne présente pas les références qui justifient qu’on lui attribue le marché des bracelets électroniques », peste un parlementaire, qui regrette que « cette réforme majeure du système judiciaire sénégalais soit au point mort ».
L’introduction du bracelet électronique doit constituer une alternative à la détention, un moyen de désengorger les prisons. Elle sert d’option aux juridictions pénales « pour substituer à l’incarcération des mesures susceptibles de faciliter la réinsertion sociale des condamnés et le maintien de leurs liens familiaux ».
L’usage du bracelet électronique ne concerne pas cependant les personnes condamnées pour viol, pédophilie et trafic de drogue.
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